Histoires de pratiques

Les placards contre la messe

placard_gris

Après le placardage des 95 thèses de M. Luther en 1517, celles-ci se sont rapidement propagées dans toute l’Europe grâce à l’imprimerie (récemment découverte par Gutenberg en 1454) prenant un peu de court l’autorité papale. Les idées réformistes s’installent en Europe. L’imprimerie, identifiée comme un des vecteurs de cette propagation, est surveillée.
La nuit du 18 octobre 1534, des affiches réformistes contre la messe papale et l’eucharistie sont placardées dans plusieurs villes de France, jusqu’à sur la porte de la chambre à coucher du roi François 1er. Cette action d’éclat dans le royaume de France, jusque là relativement tolérant, met le feu aux poudres. Il va s’en suivre une vaste répression y compris dans le monde de l’imprimerie. Il sera désormais mis sous le contrôle de l’Etat. L’expression et la diffusion d’imprimés contestataires devront désormais se faire dans l’ombre.

Imprimer pour CONTESTER/ REVENDIQUER devient alors une forme d’imprimé populaire. Comme par exemple

  • Les journaux résistants pendant la seconde guerre mondiale
  • les affiches en mai 1968
  • certaines brochures d’infokiosk
  • … à compléter évidement!

 


PELLERIN & les imagiers populaires

colporteur_grisLa légende raconte que Jean-Charles Pellerin, horloger à Epinal à la fin du XVIIIème siècle, rêvait de beaux cadrans émaillés et richement décorés pour ses horloges… Hélas cela était largement au-dessus de ses moyens et de ceux de sa clientèle. Il eut alors l’idée, à l’aide d’une vieille lame de ressort, de graver ses motifs de cadrans sur une planche de bois.Cette planche pouvait ainsi servir de tampon pour imprimer des cadrans de carton… Même si le résultat n’avait sans doute pas la perfection de l’émail, il permettait à sa clientèle d’être à la mode ! Ou plutôt de s’approprier une culture qui, à priori, ne leur était pas destinée, une culture de l' »élite ». Il utilisa cette même technique du bois gravé pour recopier, à moindre coût, des images saintes et politiques.
Hélas, ceci est une légende visant à entretenir le mythe des images d’Epinal. Cependant, ce qui est vrai c’est que Jean-Charles Pellerin, sans aucune formation artistique, copia
et imprima des images aux couleurs vives pour les diffuser via des réseaux de colporteurs à tous ceux qui n’y avaient pas accès.

Imprimer devient un moyen de PARTAGER des idées, une culture …

De nombreux imprimés populaires ont ce but comme par exemple:

  • les ouvrages de la bibliothèque bleue
  • les cordels
  • certains fanzines

Töpffer et ses histoires en estampes

topffer_gris

Directeur d’école, écrivain, illustrateur genevois du 19ème, Rodolphe Töpffer est aujourd’hui principalement connu pour avoir été l’inventeur de la bande dessinée moderne. Profitant de l’invention récente (environ 30 ans avant) de l’autographie (papier report pour la Lithographie), Töpffer fait imprimer lui-même des petits récits en estampes sous forme de fascicules. Il les distribue ensuite à ses amis et connaissances.
Töpffer semble avoir voulu ainsi conserver le contrôle sur l’ensemble de la chaine de production & distribution de ses livrets. Seuls le succès et les piètres contrefaçons que cela générera le pousseront à accepter des publications chez un éditeur Parisien.
En tout cas cette maîtrise de la chaine ne peut pas ne pas nous rappeler le fanzine.

Imprimer devient ainsi un moyen d’ INVENTER d’être hors norme

Quelques exemples d’imprimé populaire ayant prient ce chemin:

  • Senefelder et l’invention de la lithographie
  • Dada et ses publications
  • etc…

Les journaux de tranchées pendant la guerre 14-18

14_18_gris_rouge

Pendant la première guerre mondiale, un grand nombre (environ 500 titres français)de journaux ont été publiés parles soldats du front pour les soldats du front. Ces journaux publiés dans le cadre restreint de l’armée ne subissaient pas la censure en place pour les journaux traditionnels (c’est-à-dire ceux de « l’arrière »).
Par contre, ils étaient contrôlés par l’état-major. Leur lignes éditoriales étaient principalement potaches et nationalistes. L’objectif affiché était clairement de se serrer les coudes entre soldats dans une langue et un ton qui ne se trouvaient pas dans le « bourrage de crâne » des journaux de l’arrière. L’impact positif, qu’on pu avoir ces journaux sur le moral des troupes, a conduit l’état-major à favoriser ces initiatives.
Si certains de ces journaux de tranchées ont pu bénéficier d’une impression à l’arrière (dans des imprimeries traditionnelles) d’autre étaient imprimés directement sur le front au miméographe (ou limographe) à la gélatine, d’autres encore étaient simplement recopiés à la main ou en un seul exemplaire passé de main en main… plus d’infoplus d’info

Imprimer permet de se serrer les coudes de CRÉER du COLLECTIF

comme par exemple:

  • Les journaux scolaires
  • les fanzines
  • ….